Lors de l’achat d’un vĂ©hicule neuf, les distributeurs ont tendance Ă inclure des services optionnels ou « packs de services » au moment de la livraison. Avec parfois des garanties d’assurance automatiquement associĂ©es Ă ces produits ou services, comme pour le gravage des vitres. Des « assurances affinitaires » qui ont Ă©videmment un coĂ»t, mais dont le bĂ©nĂ©fice est très discutable et dont l’automobiliste a souvent Ă©tĂ© mal ou peu informĂ©. Attention aux pièges !
L’assurance est indissociable de l’achat d’une automobile neuve. C’est aussi un poste de dĂ©pense consĂ©quent pour le nouveau propriĂ©taire. Ce qui justifie, dans la plupart des cas, une Ă©valuation prĂ©alable et un examen comparatif entre les diffĂ©rentes offres des assureurs. Sauf lorsque les garanties sont automatiquement incluses dans le contrat de vente du vĂ©hicule par les vendeurs, dans le cadre des « frais de prĂ©paration » ou « packs de services » qui intègrent alors ce que l’on appelle des « assurances affinitaires ». Ces garanties sont associĂ©es Ă un produit ou un service pour le protĂ©ger contre divers risques (casse, perte, vol, annulation…).
Le gravage des vitres, gĂ©nĂ©ralement prĂ©sentĂ© comme une bonne solution pour se prĂ©munir du vol de son vĂ©hicule, constitue certainement un exemple très utilisĂ© par les concessionnaires. Tout d’abord, le gravage permet d’identifier un vĂ©hicule volĂ© uniquement s’il est retrouvĂ©. Il fait partie de ces services associĂ©s Ă une assurance affinitaire, puisqu’il implique la souscription d’une garantie automatique renouvelable chaque annĂ©e pendant six ans, c’est-Ă -dire durant toute la durĂ©e d’enregistrement du numĂ©ro des vitres de l’automobile sur le fichier Argos (accessible aux autoritĂ©s de police). 800.000 vĂ©hicules sont concernĂ©s chaque annĂ©e par ce gravage des vitres, soit près de la moitĂ© des voitures particulières neuves vendues en 2023.
Un vĂ©ritable dĂ©faut d’information de la part des vendeurs et des assureurs
Pourtant, nombre d’automobilistes n’ont mĂªme pas conscience de souscrire Ă cette assurance affinitaire au moment de l’achat de leur voiture, alors mĂªme que le gravage des vitres n’est pas obligatoire mĂªme si certains contrats d’assurance peuvent l’exiger pour bĂ©nĂ©ficier de la couverture contre le vol du vĂ©hicule.
La forte frĂ©quence de cette opĂ©ration optionnelle s’explique en partie par un dĂ©faut d’information des rĂ©seaux de distribution automobiles, comme l’a soulignĂ© une enquĂªte de la DGCCRF rendue publique au printemps 2023 sur les pratiques commerciales des vendeurs de vĂ©hicules en France. Deux tiers des concessionnaires automobiles contrĂ´lĂ©s seraient ainsi en porte-Ă -faux avec la rĂ©glementation sur l’information des consommateurs.
Ce manque d’information favorise le marchĂ© du gravage des vitres, qui gĂ©nĂ©rerait 320 millions d’euros par an, en cumulant les coĂ»ts d’assurance et de gravage. En revanche, cette pratique est une source de mĂ©contentement pour l’assurĂ© qui n’en a pas Ă©tĂ© correctement informĂ©, et qui en prend parfois vraiment conscience quand il reçoit la demande de renouvellement de sa cotisation annuelle indispensable au maintien de l’enregistrement dans le fichier Argos… c’est-Ă -dire un an après l’acquisition de son vĂ©hicule !
Les assureurs sont d’ailleurs particulièrement discrets sur le coĂ»t de ce dispositif. Si la plupart des compagnies d’assurance indiquent volontiers sur leurs sites les tarifs de gravage (entre 80 et 150 €, selon les prestataires) et l’inscription sur le fichier Argos qui s’ensuit, le prix de la cotisation annuelle n’est jamais ouvertement annoncĂ©. Les seules informations prĂ©cises sur le sujet apparaissent sur les forums de discussion spĂ©cialisĂ©s, oĂ¹ les commentaires tĂ©moignent souvent d’ailleurs d’un mĂ©contentement des automobilistes au sujet du ton parfois menaçant des lettres de relance pour le paiement du renouvellement de cette garantie au coĂ»t de 9 euros en moyenne.
Une efficacité douteuse pour lutter contre le vol des véhicules
L’agacement des automobilistes concernĂ©s vient aussi de l’efficacitĂ© contestable du gravage des vitres pour lutter contre le vol des vĂ©hicules. Car, s’il permet d’identifier une voiture volĂ©e, ce système n’augmente pas les probabilitĂ©s de la retrouver. Rien, de fait, ne le dĂ©montre. Surtout pour ce qui concerne les modèles haut de gamme, qui ne rĂ©apparaissent gĂ©nĂ©ralement pas, et sont très rapidement expĂ©diĂ©s vers le Maghreb ou les pays de l’est de l’Europe… prĂ©alablement dĂ©pouillĂ©s de leur numĂ©ro de chĂ¢ssis et de leurs vitres d’origine.
Dans tous les cas, le nombre d’automobiles rĂ©cupĂ©rĂ©es après un vol reste faible en France : moins d’une voiture sur deux (45,1 %) seulement inscrites dans le fichier Argos a Ă©tĂ© retrouvĂ©e en 2022. Un faible taux qui ne plaide pas en faveur du gravage. C’est pourquoi certains acteurs du secteur se lancent dans la vente de puce RFID. Un gadget au regard de son utilitĂ© rĂ©elle, mais qui a pour intĂ©rĂªt de rassurer l’automobiliste et de pĂ©renniser la logique de l’assurance affinitaire pour l’entreprise vendeuse. Il est ainsi plus intĂ©ressant de regarder du cĂ´tĂ© des traceurs capables de localiser le vĂ©hicule oĂ¹ qu’il se trouve (et mĂªme hors de portĂ©e du rĂ©seau) pour avoir de fortes chances de retrouver son bien dans de très brefs dĂ©lais.